La Petite Ceinture : un transport ferroviaire dans un jardin, un réseau dans la ville

, par Association Sauvegarde Petite Ceinture (ASPCRF)

 Conférences-visites

La prochaine conférence-visite au long de la Petite Ceinture aura lieu samedi 3 septembre 2016. Cliquer ici pour la découvrir.

 Situation (juillet 2016)

Lors de la séance du Conseil Municipal de Paris des 13 et 14 avril 2015, a été approuvé le projet de « protocole-cadre entre la Ville de Paris et le groupe SNCF concernant le devenir de la Petite Ceinture ferroviaire à Paris » pour la décennie 2015-2025. Découvrez sur notre site le projet de protocole à télécharger en PDF, ainsi que l’analyse et les propositions de notre Association..

Pendant cette séance, le projet de promenade réversible dans le secteur de la Poterne des Peupliers dans le 13e arrondissement également été approuvé. Découvrez ici notre analyse.

Nous avons profité de cette riche actualité pour mettre à jour l’article sur la situation actuelle de la Petite Ceinture ferroviaire.

Affichette annonçant les travaux de la section du 20e arrondissement
Affichette posée sur le portail d’accès à l’ancien quai extérieur de la station de Ménilmontant depuis la rue de la Mare. Cliché Bruno Bretelle tous droits réservés. 02/07/2016.

 À court terme, relancer les circulations de trains de découverte

Autorail de type Caravelle dans la tranchée du parc des Buttes-Chaumont.
Dans la tranchée du parc des Buttes-Chaumont. Au fond, l’entrée du tunnel de Ménilmontant (1124 mètres de long). Cliché : Romain Mortelette. Tous droits réservés.

À court terme, notre Association propose la reprise des circulations de trains de découverte en direction du grand public, telles que celles que nous avons animées en partenariat avec la SNCF et RFF (Réseau Ferré de France, aujourd’hui SNCF Réseau) à différentes reprises, comme en juillet 1993 sur la Petite Ceinture sud, puis en 1999, 2000 et 2003 sur les tronçons nord et est de la ligne. Ces circulations permettraient de :

  • Valoriser l’ADN ferroviaire de la Petite Ceinture ;
  • Franchir les tunnels et les ponts, qui constituent des obstacles aux ouvertures aux piétons et aux vélos et mettent ainsi fin au mythe de la coulée verte continue sur 23 kilomètres ;
  • S’affranchir des problèmes d’accessibilité, qui contraignent fortement l’emplacement et la longueur des sections que la Ville de Paris envisage d’ouvrir au public. Les trains auraient comme point de départ et d’arrivée une gare terminus parisienne (comme Paris-Nord, Paris-Bercy ou Paris-Invalides) ;
  • Rendre la ligne accessible à un grand nombre de personnes tout en préservant la biodiversité existante, la Petite Ceinture ne se prêtant pas à une forte fréquentation piétonne ;
  • Assurer une activité économique offrant à la SNCF et à la Ville de Paris des redevances leur permettant de financer l’entretien de la ligne ;
  • Servir d’élément fédérateur aux différentes activités développées le long des voies de la Petite Ceinture, tant sur les surlargeurs que dans les anciens bâtiments de voyageurs.

Comme le notaient déjà en 1991 deux étudiants en architecture de l’école de Paris-Belleville : « Dans les conditions actuelles, la Petite Ceinture est souvent ressentie et décrite comme une sorte de zone, un chemin quasi-déserté, un paysage ruiniforme et fantôme. Cela existe bien, mais pour un promeneur à pied. Mais si, par contre, on voit les paysages qui bordent la ligne d’un train en marche (une association organise un voyage annuel sur le trajet à bord d‘un matériel SNCF à vapeur), il apparaît des perspectives tout à fait différentes, parce qu’on découvre des ensembles et ce à bonne hauteur. Le cadre, c’est celui d’une ville vue à l’envers, donc sous un angle inattendu et attractif. […] Il y a donc là un patrimoine touristique absolument original et que seule une ligne de chemin de fer permet de découvrir sous un angle inédit, donc irremplaçable. » [1]

Il existe ainsi une complémentarité entre les deux échelles de parcours et de découverte des paysages de la Petite Ceinture aujourd’hui possibles : à pied au niveau local et en train au niveau métropolitain.

« Au niveau local, à l’échelle du quartier, sont concernés l’ancien bâtiment voyageurs, le pont, la tranchée au coin de la rue en ou en bas d’un immeuble. À ce niveau, l’intégration de la Petite Ceinture dans l’urbanisme et l’histoire du quartier sont à prendre en compte.
Au niveau régional, à l’échelle de l’agglomération francilienne, ce sont les connexions entre la Petite Ceinture et l’ensemble du réseau ferroviaire francilien qui importent. Ce niveau d’analyse souligne “l’effet réseau”, c’est à dire la présence de la ligne comme un élément constitutif d’un ensemble cohérent sur les plans géographique et historique. » [2]

Ces circulations de trains de découverte constitueraient des événements ponctuels visant le grand public. Notre idée est de proposer la durée et le prix d’une place de cinéma, pour découvrir Paris depuis la Petite Ceinture dans un long travelling, d’une durée comprise entre 1h30min et 2h30min. L’usage d’un matériel moderne, équipé de grandes baies vitrées, a pour but de faciliter le contact visuel entre le voyageur et les paysages traversés. Notre association assurerait un commentaire à bord.

 À moyen-long terme, réactiver un service métropolitain de voyageurs

Petite Ceinture ferroviaire : plan de situation et correspondances possibles avec les réseaux RER et Transilien
Plus de vingt-trois kilomètres toujours utilisables pour du transport ferroviaire.

La saturation du réseau des lignes franciliennes de métro et de RER ne cesse de croître, tandis que l’augmentation tendancielle du prix du pétrole amorcée depuis 2007 menace les systèmes économiques de production et de transport fortement dépendants du pétrole, comme le transport routier. C’est pourquoi la nécessité de créer de nouvelles lignes de transport ferroviaire de voyageurs d’envergure régionale est difficilement contestable.

Rame de la future ligne 14 en essai sur la Petite Ceinture en octobre 1996.
Cliché : Sylvain Orero. Tous droits réservés.

Dans ce cadre, la possibilité de remettre en service des infrastructures existantes est un atout précieux. Or, la Petite Ceinture ferroviaire de Paris, qui assura un transport urbain de voyageurs pendant plus de soixante-dix ans jusqu’en 1934 et qui continua d’être utilisée pour le transport de marchandises jusqu’en 1993, est toujours disponible sur 23 km pour renforcer les transports publics. Réutilisée, elle fournirait une liaison de rocade rapide, de type métro, entre les quartiers nord, est et sud de Paris, ainsi qu’entre un grand nombre de lignes de RER, de métro et de trains de banlieue, sans passer par le centre de la capitale, comme le montre la carte présentée ici.

Notre association considère que l’écologie urbaine ne se limite pas à planter des arbres, mais doit considérer l’ensemble des fonctions de la ville : organisation de l’espace, organisation des flux de transport de personnes, d’énergie ou de biens. On ne peut donc accepter de voir disparaître une infrastructure de transport dont les potentialités sont aussi considérables que celles de la Petite Ceinture.

C’est pourquoi nous demandons que l’ensemble de la Petite Ceinture ferroviaire disponible (soit 23 km, du pont du Garigliano aux Batignolles via l’est de Paris) reste propriété de Réseau Ferré de France, conformément au protocole d’accord RFF / Ville de Paris signé en juin 2006. Nous demandons instamment le maintien de la voie ferrée sur l’ensemble du site, y compris sur les zones destinées à accueillir une promenade réversible (15e arrondissement). Nous rappelons que cette disposition, évoquée dans l’article du Journal du Dimanche (« une des voies ferrées sera conservée pour permettre le passage occasionnel d’un train, l’autre recouverte d’un cheminement en chêne »), est prévue dans les projets présentés encore récemment par la Ville de Paris et Réseau Ferré de France et nous souhaitons qu’elle soit confirmée.

Le concept de mixité des usages

Notre Association, qui depuis vingt ans défend la remise en service d’un transport en commun ferroviaire sur la Petite Ceinture et la mise en valeur de son patrimoine, s’oppose à son démantèlement annoncé. Nous considérons que la Petite Ceinture peut faire l’objet d’un projet alliant transport et urbanisme : la mise en service d’un matériel de type tramway sur la Petite Ceinture est compatible avec une mise en valeur des paysages traversés et un respect de la vie des riverains, comme le montre la ligne de tramway T2 entre La Défense et Issy-Val de Seine.

Nous préconisons le concept de mixité des usages de la plate-forme de la Petite Ceinture : là où elle est suffisamment large, il serait possible de faire cohabiter la ligne ferroviaire et des aménagements paysagers (promenade, jardins partagés, conservatoire de la faune et de la flore, etc.). Dans le 15e arrondissement, un tel aménagement peut être réalisé entre la place Balard et la rue du Hameau, en empruntant l’ancien raccordement entre la Petite Ceinture et les ateliers du métro. Cette promenade pourrait être prolongée jusqu’à la rue de Vaugirard par l’aménagement des soubassements du viaduc en pierre de la ligne, actuellement occupés par un garage.

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