La Petite Ceinture de Londres bouclée dimanche 9 décembre 2012 !

, par Pierre Bocquiault

Note de la rédaction : M. Pierre Bocquiault est l’auteur d’un bulletin « apériodique et informel » d’actualités du chemin de fer de Petite Ceinture, totalement indépendant de notre Association. Pour recevoir son bulletin par courriel, veuillez-nous contacter et nous lui transmettrons votre demande.

À l’heure où des projets prévoient le démantèlement de la vocation ferroviaire de la Petite Ceinture, à Londres les pouvoirs publics remettent en service une ligne de ceinture !

Un exemple à suivre à Paris dans le cadre de la transition énergétique.

L’Overground de Londres est un projet de Transport for London (TFL), qui est l’organisme public responsable des transports en commun à Londres et sa région. Transport for London est l’équivalent londonien du Syndicat des Transports d’Île-de-France (STIF) pour Paris et sa région.


Nous avons plusieurs fois évoqué le sort que plusieurs grandes métropoles étrangères réservaient à leur voies ferrées sous-utilisées, et notamment à leurs rocades ou tangentielles. Le cas de Londres est le plus exemplaire, avec le réemploi de très anciennes infrastructures ferroviaires, dès les années Quatre-Vingt avec la mise en service du Docklands Light Railway, et ces derniers temps avec la mise en place du réseau London Overground.

Plan du réseau de l’Overground de Londres - décembre 2012
En pointillé, la section mise en service le 9 décembre 2012 pour fermer la Ceinture de L’Overground de Londres. Source : Transport for London. Cliquer pour agrandir.

Rappelons qu’il s’agit, pour ce dernier, d’une boucle de quarante-deux kilomètres constituée d’anciennes tangentielles raccordées entre elles (North London Line, East London Line, West London Line, South London Line) et mises aux normes du réseau ferré national britannique. Cette boucle est complétée par cinq antennes (respectivement vers Richmond, Stratford, New Cross, Crystal Palace et West Croydon) et deux lignes en correspondance, exploitées de façon indépendantes (Euston – Watford et Gospel Oak – Barking, cette dernière non électrifiée).

Les correspondances avec les réseaux ferroviaires et métropolitains sont nombreuses, accroissant ainsi notablement un maillage déjà très fort, et contribuant à décongestionner les nœuds et tronçons centraux.

Après des années de travaux, menés dans les délais et les budgets prévus, et les fermetures temporaires de différents tronçons encore utilisés, les (re-)mises en services ont successivement concerné ces dernières années : la North London Line et l’East London Line en 2010.

Et la date est connue depuis septembre : c’est dimanche 9 décembre 2012, que le tronçon de Surrey Quays à Clapham Junction, via l’ancienne South London Line, plus une section reconstruite sur l’emplacement d’une plate-forme ferroviaire inutilisée depuis un siècle (!), que l’anneau de l’Overground sera commercialement bouclé.

Aucun service circulaire n’est programmé pour l’instant, mais deux correspondances directes à Highbury & Islington, au Nord-Est, et à Clapham Junction au Sud-Ouest, permettront d’effectuer la quasi totalité des trajets utiles sur la boucle, directement ou avec une seule correspondance. Et à la vitesse commerciale permise par un espacement moyen des stations de l’ordre du kilomètre et surtout, par des voies en site réservé, sans interférence avec la circulation des voitures, bus, vélos et piétons.

On ne peut s’empêcher d’envier le pragmatisme qui a conduit rapidement à cette réalisation, nous qui connaissons l’état de la Petite Ceinture parisienne, l’ignorance dont nos décideurs font preuve à son égard, le potentiel de transport qu’elle offre encore, et les besoins toujours croissants de la ville et de la métropole en transport en commun.

Certains de nos élus actuels déclarent trouver à Londres un modèle non pertinent pour Paris, où le tissu urbain a une structure différente. Nous croyons, au contraire, que la densité supérieure de Paris, la saturation des nœuds et tronçons centraux du réseau régional, et le déficit de maillage de ses réseaux dans les arrondissements périphériques et en petite couronne, renforcent la pertinence d’une réactivation de la Petite Ceinture ; une réactivation qui serait menée, bien sûr, dans le respect des riverains, de la nature qui l’entoure, et à l’aide des dernières technologies ferroviaires et de protection acoustique.

Nous ne saurions trop inviter tous ceux qui ont la possibilité de se rendre sur place à visiter l’Overground de Londres.

Une documentation substantielle existe déjà sur ce réseau (DVDs, articles de revues, fascicules sur les anciennes tangentielles, et le livre récent de John Glover sur l’Overground, chez Ian Allan). On trouvera les références sur Internet.

https://youtu.be/mJzHXFsU8UQ