Quand des lycéens découvrent la Petite Ceinture

, par Bruno Bretelle

En novembre dernier (2013), des élèves de classes de Première et de Terminale sont allés arpenter le sentier nature réversible du 15e arrondissement. Ils suivent l’option d’« histoire des arts » au lycée Descartes d’Antony, au sein des filières littéraires, économiques et scientifiques.

Grâce à l’amabilité des enseignants, nous vous proposons de découvrir le travail d’Élise, élève en 1re Scientifique.

Merci à eux pour ce premier travail réussi, synthétique et de qualité sur la Petite Ceinture ferroviaire !


La Petite Ceinture est une ligne de chemin de fer, d’une longueur de 32 kilomètres, qui fait le tour de Paris. Elle a été construite sous le Second Empire, de 1852 à 1869. Elle a transporté des voyageurs jusqu’en 1934 mais aussi et surtout des marchandises jusqu’au début des années Quatre-Vingt—Dix. Elle a desservi notamment les usines Citroën et les abattoirs de Vaugirard. Aujourd’hui, la végétation s’est installée spontanément sur les rails et de nombreuses espèces animales y vivent. Il est normalement interdit de circuler sur une voie ferrée, sauf ici, dans un objectif de promenade, de la place Balard jusqu’à la porte de Versailles, soit une longueur de 1,3 kilomètres.

Mais comment et pourquoi cette ligne de chemin de fer fut-elle transformée en une promenade d’une incroyable tranquillité en plein cœur de Paris ?

Tout d’abord, nous verrons l’histoire de la création de lignes de chemin de fer à Paris. Ensuite, nous aborderons la mise en service de la Petite Ceinture et, enfin, nous étudierons l’aménagement de cette coulée verte d’une exceptionnelle biodiversité.

 La mise en service de la Petite ceinture

L’histoire du chemin de fer a joué un rôle important dans la construction de la Petite Ceinture. Tout d’abord, à l’époque de la Petite Ceinture, il existe des compagnies différentes pour transporter des marchandises et des voyageurs. Ces lignes sont concurrentes ; elles ne sont donc pas reliées. Ensuite, les axes ferroviaires sont réalisés en étoile autour de Paris. Ainsi pour aller de Lyon à bordeaux en train, il faut passer par Paris mais aussi passer d’une gare à l’autre malgré une circulation compliquée. Il ets donc décidé de créer une ligne de rocade pour faciliter le passage d’un bout à l’autre de Paris.

Un réaménagement de la ville devient alors nécessaire : au XIXe siècle, Paris est constitué de rues étroites, insalubres et les habitats sont peu confortables. De plus, la circulation a Paris est très dense avec près de 13 000 omnibus à chevaux. Le principal reproche fait à la ville est donc ses problèmes de transport et d’odeurs liées aux chevaux. C’est pourquoi le Baron Haussmann va remodeler la ville en construisant des bâtiments en pierres, sophistiqués, avec balcons ou terrasses. Haussmann construit aussi de grandes avenues aujourd’hui mondialement connues, dans le but de fluidifier la circulation.

En outre, les expositions universelles permettent de développer le réseau de transport de Paris en construisant des gares à proximité de ces expositions. Par exemple, il y avait au Champ de Mars, près de la Tour Eiffel, une gare de voyageurs puis de marchandises, aujourd’hui recouverte. Les frères Pereire contribuent également à l’aménagement de la Ville. Ils ont pour objectif de mettre en place une industrie à l’Est et des logements à l’Ouest. Ensuite, ils voulurent les relier, en construisant la partie Ouest de la Petite Ceinture.

Mais cette ligne ne suffit pas à régler les problèmes de transports ; il faut donc trouver une autre solution. Le premier métro est construit à Londres en 1863 mais il n’arrive à Paris qu’à partir de 1900. Le débat sur la création du métro tourne notamment autour du problème de la distribution de marchandises sur l’ensemble du territoire. Ainsi, deux acteurs se confrontent :

  • l’État qui veut créer un métro permettent le transport de voyageurs la journée et le transport de marchandises la nuit. Il veut créer des lignes passant par le cœur de Paris, dans le prolongement des Halles ;
  • La Ville de Paris qui prévoit un projet sans transport de marchandises et qui s’occupe des Parisiens, pas de la banlieue.

Un autre débat a lieu pour savoir si le métro sera aérien ou souterrain. Mais dans l’esprit des habitants, les souterrains sont destinés auw morts et le métro pourrait être hanté ! Il y a aussi l’idée de mettre les stations de métro sur le toit des immeubles et des monuments. Cette idée est très vite discréditée pour la gêne évidente que cela apporterait aux habitants. La Petite Ceinture doit être intégrée au métro. Par ailleurs, à l’époque, il faut des tickets différents pour changer de ligne, les différents réseaux de transports en commun n’étant pas harmonisés.

La Petite Ceinture est construite de 1852 à 1869. C’est une ligne qui fait le tour de Paris, mais il n’y a pas de ligne vers les Halles. Jusqu’en 1860, on n’est pas à Paris mais dans une banlieue souvent campagnarde. Paris est alors compris entre Barbès-Rochechouart et Denfert-Rochereau.

Suite à la création de la Petite Ceinture, les gens s’installent le long des lignes. A l’époque, habiter près d’une ligne de chemin de fer est un symbole de prestige. La Petite Ceinture est construite dans une zone peu urbanisée pour permettre la construction de logements afin d’agrandir la Ville.

Les gares de la Petite Ceinture Rive Gauche reprennent le style de l’orangerie du Chateau de Versailles, contrairement aux gares de la Petite Ceinture Rive Droite, d’un style plus industriel.

La Petite Ceinture connaît également un usage politique : les chefs d’états étangers arrivent à Paris en train. La gare de l’avenue Foch devient ainsi « la gare des souverains » et est décorée pour accueillir les chefs d’états.

 la fin du service de voyageurs

Le service de voyageurs de Petite Ceinture est arrêté en 1934 car d’une part à l’époque, la priorité est aux voitures et pas aux transports collectifs, ce qui diminue sa notoriété auprès des voyageurs. D’autre part, en 1934, le transport de marchandises rapporte davantage que le transport de voyageurs. On supprime alors des trains de voyageurs pour mettre des trains de marchandises, entraînant une baisse du trafic voyageurs.

Le patrimoine de la Petite Ceinture est aujourd’hui constitué de voies ferrées, de gares de marchandises et de bâtiments construits à proximité de la voie.

 La promenade réversible du 15e arrondissement

La ville de Paris, voulant rendre accessible ce lieu emblématique, a aménagé cette partie de la Petite Ceinture en préservant le patrimoine ferroviaire et la biodiversité du lieu. Aucun luminaire n’a été installé afin de ne pas troubler la faune et la flore de ce lieu si singulier. L’entretien de la promenade est aussi réalisé de manière à ne pas perturber les êtres vivants. Ainsi cet entretient s’adapte, par exemple, à la nidification des oiseaux.

La croissance des arbres est favorisée grâce à des éclaircies paysagères. Les souches des arbres et le bois mort sont laissés sur place de façon à accueillir micro-organismes et champignons, essentiels à l’équilibre biologique du lieu. Ainsi on y trouve 220 espèces de plantes et animaux, dont 21 espèces d’oiseaux. Le paysage de la promenade présente un aspect sauvage. La Petite Ceinture est conservée pour préserver la biodiversité, par exemple la pelouse à orpin. De plus, cette promenade propose une déconnexion par rappoer à la ville en plein cœur de Paris. On y trouve des chalets, un club de tennis…

La promenade est également aménagée dans un but économique. La ligne semble désaffectée mais elle appartient au Réseau Ferré National. Un train peut donc y passer. À l’origine la ligne est constituée de deux voies mais la seconde voie fut supprimée dans les années Soixante. Sur la promenade, on retrouve le début de la seconde voie, qui est ensablée pour permettre d’avoir un espace pour marcher. Le patrimoine ferroviaire est conservé et mis aux normes tout au long de la Petite Ceinture. Par exemple, les buttoirs sont conservés et mis en valeur. Cependant, la majorité de la Petite Ceinture est en tunnel, ce qui complique la continuité de l’aménagement. Les riverains se plaignant du bruit posent un obstacle à cet aménagement.

Au total, l’aménagement de la Petite Ceinture a couté 7 millions d’Euros à la Ville de Paris et est réalisé dans le but de faire connaitre cette partie du patrimoine si souvent oublié. Il a fallu un an et demi de travaux. La voie a été remise aux normes.

Cet aménagement a tout de même eu un impact sur la biodiversité de la Petite Ceinture qui est désormais moins sauvage. Le charme de ce lieu se fait par la proximité des habitats. Mais beaucoup de Parisiens voient cette voie ferrée devant leur fenêtre sans connaître son histoire.

En conclusion, Ce lieu atypique aspire aujourd’hui à présenter cette partie méconnue de notre patrimoine. Le tramway vise aujourd’hui à reprendre le rôle de la Petite Ceinture, en faisant le tour de Paris. Il aurait pu être mis sur les rails de la petite ceinture, cela aurait était plus pratique et moins cher. Mais il a été installé sur les boulevards des Maréchaux dans le but de faire une requalification urbaine et de remplacer la ligne de bus PC. De plus, l’emplacement de ce tramway permet de créer plus facilement de nouveaux arrêts.